"Nous devons travailler intensivement, notamment sur les questions de l'agriculture et des biens industriels, pour nous mettre d'accord d'ici juillet sur un cadre général de négociations", a déclaré le directeur de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) lors d'une conférence de presse commune avec le ministre français délégué au Commerce extérieur, François Loos.
"C'est un premier pas que nous devons faire. Après, nous pourrons discuter des modalités et mettre des chiffres en face des objectifs d'ici juillet", a-t-il ajouté, en soulignant que l'agriculture restait le volet central des discussions commerciales en cours. "Nous devons avancer les discussions sur la question des subventions agricoles à l'exportation pour arriver à un niveau de réduction plus ambitieux", a-t-il indiqué.
Il a cependant admis que les discussions agricoles étaient toujours au point mort, les grands pays exportateurs (groupe de Cairns), qui veulent une baisse générale des subventions agricoles, ayant refusé, lors d'une réunion ministérielle fin février au Costa Rica, que la réduction des subventions à l'exportation soient concentrée sur une liste de produits. Cette dernière modalité est notamment proposée par l'Union européenne, l'un des principaux pourvoyeurs de subventions agricoles avec les Etats-Unis, qui se dit depuis plusieurs mois disposée à discuter ses subventions à l'exportation sur certains produits concurrençant ainsi inéquitablement les produits équivalents des pays en développement.
Le désaccord sur les subventions à l'agriculture a été l'une des principales raisons de l'échec des négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Cancun en septembre sur la libéralisation du commerce international dans le cadre du cycle lancé à Doha en 2001.
M. Supachai s'est déclaré confiant dans le fait d'arriver à un accord sur le "cadre général" en dépit de l'élection présidentielle américaine, où le débat suscité par les pertes d'emplois dues aux délocalisations fait de l'OMC un sujet sensible. "Supachai veut obtenir absolument quelque chose avant l'été pour montrer que les choses avancent. Mais le cadre général est déjà fixé, et c'est sur les modalités que les négociations portent", a cependant indiqué une source ministérielle française.
Les désaccords portent par exemple sur la fixation d'une date-butoir pour l'élimination complète des subventions agricoles, réclamée par les pays en développement mais jusqu'ici refusée par l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis, ou sur les objectifs chiffrés de réductions des droits de douanes industriels.
M. Supachai a au passage précisé que le dossier des subventions au coton, dont plusieurs pays africains réclament l'élimination, serait intégré au volet agricole des négociations en cours, avec une base de départ qui ne sera pas le projet de texte proposé à Cancun, qui "doit être réécrit" sur ce point. M. Loos a également souhaité des avancées dans les négociations en indiquant que l'UE, qui estime avoir progressé avec la réforme de la politique agricole commune (PAC) de juin 2003, "attend maintenant des autres pays qu'ils fassent à leur tour un pas en avant".
Sur ce sujet, il a regretté la récente proposition américaine d'éliminer l'ensemble des subventions agricoles à l'exportation, qui remet selon lui en cause l'accord agricole passé entre l'UE et les Etats-Unis avant Cancun. |